07/11/2024

 Un cinquantenaire après les indépendances, l’Afrique peine à prendre son envol au plan économique, politique et monétaire. Ce retard dans la course au développement, semble-t-il, serait imputable à une monnaie prétendue néocoloniale, obstacle à une croissance durable, endogène, auto-entretenu des économies Africaines et à une amélioration de l’IDH (Indicateur de Développement Humain).

En effet, le baromètre sociologique en terme de taux de vulnérabilité est très inquiétant malgré moult programme d’ajustement structurel pour renouer d’avec une bonne gouvernance macro-économique dans le respect de l’orthodoxie financière et comptable. Plusieurs crises économiques, depuis l’indépendance jusqu’à nos jours ont gangrener et le tissu économique, et le tissu social, voire commercial et industriel. Les industries Africaines tardent également à prendre leur envol imputable à un déficit d’investissement productif.

Que faire alors pour sortir de ce nœud gorgien ? Faut-il nécessairement se débarrasser de la monnaie CFA ? Est-elle la raison crucial de ces désagréments ?

Pour y répondre allons à la recherche de la vérité scientifique. Ce qui suppose une approche dialectique symptomatique d’un choc des idées d’où « jaillira la vérité »

D’abord élaguons les atouts de la monnaie CFA : en effet, la monnaie CFA porte en elle deux (2) grands atouts macros économiques, qui « solidifient et stabilisent les économies des pays membres … »

  • La parité fixe CFA-EURO

Selon les accords monétaires entre la zone franc et l’Union Européenne,            un Euro = 655 FCFA. Cette parité fixe est un gage de stabilité monétaire nonobstant les ajustements éventuels lorsque les critères de convergence ne sont pas respectés.

  • La convertibilité illimitée du CFA en Euro

Lorsque la monnaie CFA est authentifiée soit par la BCEAO en Afrique de l’ouest, soit par la BEAC en Afrique centrale, alors elle devient convertible en euro quel que soit la quantité disponible.

Ceci étant, la vocation primitive de toute monnaie, vise à des échanges commerciaux, en tant que moyen de paiement. Il suit de là que la gestion monétaire est affaire de professionnel de la monnaie à l’instar de docteur ALLASSANE Ouattara ex DGA du FMI (Fond Monétaire International).

La monnaie prend également en compte, la balance des paiements et la balance commerciale qui suppose une bonne gouvernance macro-économique, préalable à une monnaie compétitive sur le marché monétaire international.

Toute précipitation, toute velléité idéologique qui ignore les mécanismes du marché monétaire international, n’est que peine perdue car le mur va tomber pour amateurisme, passion aveugle de souveraineté monétaire, concept galvaudé qui amène les socialo-marxisant, les adeptes de la souveraineté monétaire tout azimut, à célébrer la messe de la monnaie nationale sans être suffisamment armé intellectuellement pour une gestion monétaire nationale efficiente. Pour paraphraser le Professeur Mamadou KOULIBALY pour le cas du Mali « la colère et la passion dogmatique ne sont pas la solution … » Une décennie après les indépendances, le Mali s’était retiré de la zone Franc puis, elle est revenue quelques années plus tard, ayant compris heureusement que la monnaie CFA est une monnaie crédible pour le commerce international, à la limite un étalon de référence au niveau du commerce sud-sud et nord-sud avec le parapluie monétaire Européen. En ce qui concerne la problématique de la monnaie unique Africaine. Dogme, mirage ou réalité ?

N’est-ce par là une panacée illusoire ou plutôt un mirage pour faire rêver les africains profanes et flatter leurs instincts monétaire panafricanistes ?

Suffit-il de créer sa propre monnaie pour gagner le pari du développement économique et social ?

 Une question demeure. Suffit-il de créer sa propre monnaie ou monnaie nationale pour gagner le pari du développement ?

La question reste posée et la réponse de suivre au plan scientifique, notamment macro-économique et micro-économique ; une étude comparative s’impose entre les pays membres.

Evitons les amalgames, les stéréotypes monétaires, les archétypes monétaires du genre « le CFA est une monnaie néocoloniale parce que arrimée à l’union européenne ex puissance colonisatrice … »

Il s’agit là, à n’en point douter d’une logique incongrue et superfétatoire, « véritable raccourci » qui occulte la puissance du CFA en tant que moyen de paiement dans le commerce international sud-sud, nord-sud.

Permettez-nous de mettre en exergue une anecdote récente : Dans les années 90, un ministre de la Guinée-Conakry vint en Côte d’Ivoire dans l’espoir de se rendre à Marseille (France) pour des soins médicaux. En transit à Abidjan, il fut reçu dignement par le gouvernement Ivoirien. Celui-ci profita pour expliquer ses désidératas, notamment convertir en CFA puis en Euro le stock de monnaie guinéen en sa possession pour se rendre à Marseille comme sus évoqué.

Ivoiriens, ivoiriennes, Africains non ivoiriens, citoyens du monde, vous serez surpris. La monnaie de Guinée Conakry n’est ni convertible en CFA, ni en Euro, encore moins en Dollars. La BCEAO d’Abidjan, n’a rien pu faire pour le ministre Guinéen qui fut obligé de se rendre « au marché noir à Treichville ». Le stock de monnaie détenue par celui-ci, approximativement 500 millions de Guinéen a été converti à Treichville à moins de 50 millions de FCFA ! Dure vérité pour qui veut l’entendre. Alors que devient la souveraineté monétaire de la Guinée devant la réalité monétaire internationale ? IDEM pour les autres pays qui ont leur propre monnaie. (Ghana, Sierra-Léone, Libéria, Nigéria)

LA Côte d’Ivoire, pilier voire pierre angulaire de la gestion monétaire CFA par le biais de la BCEAO doit – elle se faire « hara kiri » ? Si tant il est réel que la monnaie unique Africaine devrait voir le jour bientôt. Il y aurait de forte chance que la banque centrale se retrouve à Lagos au Nigeria. Au surplus, le Nigeria risque d’avoir une main mise sur cette monnaie eu égard à sa puissance démographique et territoriale.

Que devient alors la Côte d’Ivoire qui était primitivement leader du CFA avec la BCEAO ?

  • A suivre dans le prochain numéro.

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